NONAME /// Telefone

                         NONAME //// Telefone, Aout 2016 (Chicago rap)

 

Fatimah Warner aka NONAME a pratiqué son art de jouer avec les mots entre les sessions Def Jam Poetry et celles de Chicago’s Harold Washington Library. La petite vingtaine mais un grand univers. Je l’avais découverte sur « Lost » dans l’album de Chance the rapper Acid Rap :

Naturellement, on ressent un côté sombre et morne dans sa voix autant dans ses phases chantées que dans ses drops rappés. Dans l’album Telefone, NONAME arrive à passer facilement de la joie et l’espoir à la tristesse et l’angoisse pour raconter avec intimité son manque de confiance comme dans « Reality Check » :

Ce qui est déconcertant c’est le groove nonchalant qui dompte la mesure tout au long de l’album pour dévoiler la personnalité de NONAME, celle qui redonne la voix aux femmes noires, des femmes qui ne sont pas entendues, qui ne se dévoilent pas… C’est cette douceur qu’on retrouve partout et qui lui permet d’aborder l’avortement dans l’avant dernier titre de son album « Bye Bye Baby » :

Elle raconte Chicago avec la même force et la même soul que Chance the rapper , mais elle arrive à influencer et emmener ses invités dans cette bulle Soulful et planante écrite à coups de lignes de piano Rhodes et organs, xylophones et choeurs gospels. Pourquoi je bassine tout le monde pour écouter son album dans la voiture, sur le terrain de jogging et dans ma loge ? C’est parce que j’adore la sincérité qui se dégage de cette artiste qui, comme Nina Simone, semble fragile et réservée alors qu’au moment même où on l’écoute ( sur disque ou en live), elle nous transporte avec force et détermination dans cette sphère entre la joie, l’espoir et la tristesse… la vie.